Après une journée comme ça, il fallait bien un petit message au blog. La journée avait bien commencé, avec du soleil, une présentation de mon travail au groupe de recherche, et devait se terminer en apothéose avec une petite CO!
C'était sans compter sur le temps de la Nouvelle Angleterre...
Un orage survient à 3h45, sur le chemin du retour du MIT, et je suis déjà trempé, avant même de repartir en CO. Une accalmie ensuite fait espérer une belle fin d'après-midi.
5h : RDV chez Larry et Sarah Berman, le couple qui gère le club. Dans la voiture, ils me racontent la fois où ils sont allés aux Mondiaux dans les Vosges (1987), couvrir l'événement pour leur journal de CO. Apparemment ils étaient aussi des bons orienteurs, équipe US de skiO. Brendan, un coureur venu avec nous, me demande si je connais Neil Dobbs quand j'évoque le mot Fontainebleau. Neil serait donc passé par Boston (normal, avec son côté irlandais).
6h : nous avons installé la tente de départ, et la fine pluie se transforme de nouveau en orage. Air de fin du monde, nuages très sombres, visibilité réduite en forêt, trombes d'eau.
6h30 : départ. La course est un one man relay (donc je le sentais bien mais j'allais vite changer de sentiment), avec 3 boucles de 9 balises (pas de balise spectacle, car pas de spectateur!). Précision de taille : les chemins ont été effacés de la carte. Nous partons tous de la tente organisation, avec les 3 cartes dans un plastique, et revenons changer de carte sous cette même tente. Je me dis que tant qu'à être mouillé, autant partir en T-shirt. Mauvaise idée...
6h32 : la lose commence! Je ne trouve pas la balise 1. D'autres la cherchent aussi, ça me rassure. Franchement, ça c'est vraiment la lose. En 30 secondes j'étais trempé, les Salomon vaincues, pas d'étanchéité qui tienne. Végétation haute, comme ça tu es sûr d'être mouillé et de le rester. Au bout de 10 mn, peut-être 15, toujours pas de balise 1. J'ai bien trouvé une balise dans le coin, mais le numéro 16 à l'intérieur de la toile (en l'occurence, c'était une balise 15cm en carton) ne correspondait pas. De rage, mais surtout par réalisme, déjà frigorifié et la course pas encore entamée, je pars à la 2. A la 2, je vois Brendan, qui me dit qu'il a trouvé la 1, donc je suis dégouté, je prends appui sur la 2 pour retrouver la 1, je ne trouve toujours que la 16. Dépité, je pars à la 3, puis la 4, et là l'éclair. Pas le vrai, juste au sens figuré. Sur la 4, deux numéros, un à l'intérieur de la balise, un sur le piquet, qui ne sont pas les mêmes! En l'occurrence, il faut regarder le piquet. Retour à la 16 pour vérification, le numéro 1 caché sous la toile, accroché au piquet, me nargue gentiment. Bon, la course commence vraiment, me direz-vous. Mais là, j'ai l'impression de nager dans une piscine, je penche la tête pour voir au-dessus de mes lunettes, le froid engourdit mes mains...
Je finis tant bien que mal mon tour, arrivée à la tente, je lâche les lunettes, et requiert l'assistance d'une bonne âme pour changer ma carte, impuissant que je suis avec mes doigts mouillés. La suite n'est qu'une longue succession de loses, j'ai énormément subi. Impossible de prendre un azimut correct, de regarder la carte sans la faire trembler, naviguant à vue sans rien reconnaître...
Deuxième passage à la tente, on demande si j'ai terminé! non, désolé, encore un tour. Je prends des cookies au passage, parce que j'en ai bien besoin. Le vainqueur est arrivé, Brendan, le gros des troupes est dans le 3ème tour. Je repars, longue souffrance du froid, il n'y a plus de course ou d'orientation. Je souris juste intérieurement en pensant à l'article que j'écrirais sur le blog.
Arrivée à la tente, le gros des troupes n'est pas fou, il est déjà rentré chez lui. L'organisatrice me demande si j'ai froid, je lui répond que je ne peux plus prendre un azimut (je tremble de tout mon corps, sa question était rhétorique), elle me répond "Bienvenue en Nouvelle-Angleterre". Je veux revoir mon Fontainebleau!!! Mon temps, a priori plus d'une heure, il y avait 3km! j'ai honte. J'ai les mains tellement engourdies que je lutte pour enlever mon t-shirt et mettre mon manteau. Je n'essaie même pas d'enlever les chaussures. Me voyant, les Berman m'envoient dans leur voiture avec une grosse couverture, où je passe près d'une demi-heure à arrêter de trembler.
Enfin, de retour chez moi, sous la douche, je peux revivre...
Voilà, la philosophie de tout ça n'est pas la subaïsse. Certains d'entre vous le savent, je n'aime pas le principe de la subaïsse qui est de mettre en avant le fait qu'on a subi, de chercher à subir, ou du moins ne rien faire contre.
Non, tout ça c'est juste pour rappeler qu'on peut toujours se prendre une grosse claque en course, se trouver en profonde détresse avec sa carte, dans des conditions météo dantesques. Et qu'on peut vraiment beaucoup subir sans l'avoir prévu. La pire CO de ma vie!
Bon, c'est aussi parce que y avait pas eu d'article aujourd'hui, et que c'était dommage. Mais ça c'est loupé, vu l'heure le message sera diffusé demain (17 mai).
Enfin, c'est parce que ça me fait toujours plaisir de lire vos messages, et donc je vous encourage à écrire en retour!
Bon week-end prolongé de l'Ascension, pour ceux qui en profitent
Thibaud